nicolas morin

J'ai toujours aimé mener de front plusieurs lignes de créations très variées :

vases et flacons, sculptures figuratives ou abstraites.

Le visage est le thème central de la plus part de mes sculptures.

Je m'en détache cependant pour réaliser des installations à partir d'éléments répétitifs et des "mécaniques de verre".

En proposant des sculptures destinées à l'extérieur, des sculptures mobiles, je m'attache à pousser le matériau "verre" au-delà des limites couramment admises.

Travaillant habituellement seul depuis 1984, j’apprécie de partager l’atelier avec d’autres verriers, d'autres artistes de tous horizons pour participer à la réalisation de sculptures, échanger des informations techniques ou partager des points de vue artistiques. C'est ce qui me pousse à dépasser les habitudes de l'atelier et à emmener le verre dans d'autres directions.

Depuis 1993, je travaille régulièrement avec Catherine Sintès, qui a de son côté une activité de styliste. Les premières têtes - une dalle de verre formant un visage de profil - ont été faites pour présenter les "vêtements joyeux" qu'elle crée.

Nous avons mis au point une ligne de visages en clin d’œil à la BD, à la caricature. Les premiers bustes ont été réalisés dans le cadre du symposium de L'viv en Ukraine.

Avec le temps les formes et les proportions ont évolué, de nouvelles lignes ont vu le jour. Des têtes de petit format pour faire des flacons-sculpture avec des formes basiques: cylindre, boule et des couleurs vives.

Les petites têtes sont devenues des personnages à part entière et ont pris place dans des pirogues, des hors-bord, de voiliers et actuellement des véhicules de toutes sortes...

Je suis fasciné par la variété des caractères, des expressions que l'on peut faire jaillir de ces volumes "à minima", avec quelques traits de couleurs vives, un chapeau ou une cambrure.

Une expression ludique par essence, quelquefois narrative; un clin d'œil à la relation étrange que nous avons avec les bagnoles.

J'ai souvent réalisé des éléments en verre pour les sculptures mi-animales mi-mécaniques du céramiste Jean Fontaine: cornes, dents, défenses… ou des bulles pour des ampoules électriques géantes !

En retour il a participé à une ligne de vaisseaux, fusées, sous-marins, hors-bord, torpilles, en réalisant pour moi certaines des parties mécaniques indispensables … en céramique !

C'est à son contact que j'ai eu envie de réaliser des machines de verre, séduit par la densité d'expression plastique des engrenages.

Tout cela exprime la fragilité des constructions humaines, la précarité de notre civilisation machiniste sur une terre que nous mettons en péril.

Mon attirance actuelle vers les installations est liée à une volonté de me détacher de la production régulière d'objets qui va avec le fonctionnement "studio glass" (un artiste, un atelier) que je pratique depuis 20 ans. Ce type de fonctionnement montre actuellement ses limites avec l'augmentation des coûts, la surproduction de CO2 et les difficultés du marché.